jeudi 27 octobre 2016

Souvenir du 8 mars 2016

C'est le 8 mars aujourd'hui, et comme je suis une femme, on va me proposer des roses et des réductions sur le maquillage et les strings. On va me souhaiter bonne fête.
Non, je ne passerai pas une bonne fête, pas cette année non plus.
2016 n’a que deux mois et une semaine, et je voudrais faire un bilan. Il est trop tôt pour un bilan de l’année? Pourtant, on peut déjà parler de massacre.
5 femmes tuées par balles, 6 femmes poignardées (pour l’une d’elles, de 120 coups de couteau dans le corps, une autre a été tuée sous les yeux de sa fille de 6 ans), 3 femmes égorgées ainsi que les 2 enfants de l’une d’elles, âgés de 6 ans et 10 mois, 2 femmes violées puis étranglées, une autre étouffée.
Par un mari ou un “compagnon jaloux”, ou par un ex qui “ne supporte pas la rupture”.

Messieurs les tueurs, Ingrid, Géraldine, Marina, Elvira, Chantal, Sylviane, Fabienne, Sonia, Tatiana, Nathalie, Jocelyne, Carine et cinq autres femmes anonymes ne méritaient pas la mort.
Selon vos propres dires, vous les avez tuées parce qu’elles ont voulu vous quitter,
vous étiez jaloux, colérique… violent ?
Dans la majorité des cas, les femmes tuées par leur conjoint ou ex avaient porté plainte pour des violences conjugales. Elles étaient en danger de mort et elles le savaient. Leurs enfants aussi étaient en danger. Humiliées, menacées, frappées, violées, terrorisées. Si elles restent, c’est la mort. Si elle partent, c’est la mort.
A partir de combien de femmes tuées pourra-t-on parler de massacre ? Une par jour, dix par jour ? Chaque victime a son bourreau, chacune est isolée, enfermée dans un foyer qui était pour elle une prison et une chambre de torture. Ignorée par la police qui n’y voit que des chamailleries de couple, puis dénigrée par la Justice qui conclura à un “crime passionnel”. Chacune n’aura droit qu’à un article dans la presse locale.
Chaque victime est isolée, et pourtant chacune est tuée par la même rage de possession, la même hargne à faire d’une femme sa chose. Non, quand un homme tue sa femme après l’avoir torturée pendant des années, ce n’est pas un “drame conjugal dans un contexte de séparation”.
Comment appelle-t-on, dans le langage courant, un homme qui
-pense que sa femme peut être traitée comme sa bonne, son objet sexuel ou son punching ball ?
-pense que si elle le trompe, il doit “laver son honneur”, éventuellement dans le sang ? On appelle ça un macho.

Et un homme qui tue une femme par rage de la posséder est un criminel machiste, comme il y a des criminels racistes, antisémites ou homophobes. La haine des femmes, de celles qu’ils considèrent comme “leur” femme, est meurtrière.
Le massacre des femmes en France peut être empêché. Si les femmes victimes de violences masculines sont prises en charge et protégées avant qu’elles ne soient tuées. Si la police, la Justice, mais aussi le voisinage, c’est-à-dire nous-mêmes, se rendent compte, enfin, que la violence d’un homme contre sa compagne ou son ex n’est pas de l’amour, mais de la haine, et que cette haine tue.
Pour le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, prenons la décision de mettre fin à un massacre. Prenons la décision de conquérir notre droit à vivre réellement libres
Chaque femme a le droit de quitter son compagnon, d’en changer tant qu’elle veut, aucune n’est la propriété d’un homme, quelle que soit la relation qui a pu les lier dans leur passé.

Aujourd’hui, en France, une femme qui dit à un homme : “je ne t’appartiens pas” risque la mort. Au nom des mortes et des vivantes, au nom de nos filles, de nos sœurs et de nous-mêmes, j’ai envie de crier : laissez-nous accepter ou refuser, rester ou partir, et surtout : arrêtez de nous tuer !
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